mardi, avril 27, 2010

L'almanachronique du 27 avril


Hello les blogos ! T'as l'convexe la blogose !

Un beau jour, en notre ère de douces errances, il se produisit un phénomène singulier et en tous points comparable à celui qu'Archimède avait provoqué à la sortie de son bain, en poussant son célèbre : " Eurêka !". Un mot, un simple mot, fut la source d'une mode orale que tout le monde reprit allègrement. Aujourd'hui, celui-ci, ce mot particulier, se mange à toutes les sauces, est en exergue sur certains frontons, prolonge inutilement une intention louable; bref, nous les casse amèrement avec ostentation ! Mais cessons-là ce mystère, et voici ce mot, devenu détestable et fortement haïssable : convivial.
Hélas ! Hélas ! Hélas ! Le malheureux qui prononça le premier ce mot, pour le moins sympathique au demeurant, ne pouvait deviner ce qu'il allait advenir du temps qui passe. Mais le pouvait-il d'ailleurs ? Convivial, de convivialité, et selon le dictionnaire, exprime les rapports positifs entre personnes au sein de la société, et la relation des convives qui ont plaisir à boulotter ensemble. Quoi de mieux ? Quoi de plus plaisant pour un épicurien et un sybarite des troquets ? Hélas ! Trois fois hélas !
Car tout est devenu convivial. Jusqu'à la nausée. La convivialité est devenue la noble cause des analphabètes des festivités poussives, et même au-delà. Et que je te cite convivial à tout va, prôné par les uns, affiché par les autres pour mieux s'en convaincre, souligné en noir dans un texte pour signifier grassement le plaisir attendu et tant désiré, il est partout. Toujours placé après le sujet, convivial semble régner en maître, comme s'il était invariablement d'une absolue nécessité pour réussir une fête ou tout autre chose que de n'être convivial, et seulement convivial.
Il y a bien sûr la fête conviviale, mais aussi et à juste titre le repas convivial, un apéritif convivial sous les platanes, ou pour les plus poètes sous les charmilles, une réunion conviviale, dont on sait bien qu'elle sera ennuyeuse à mourir, certains vont même jusqu'à espérer une envie conviviale, d'autres plus ambitieux et définitifs : un bonheur convivial. J'ai même ouï dire qu'un logiciel bénéficiait d'une bonne convivialité ! Quant à des producteurs de viande charolaise, ils ont tout bonnement appelé leur site internet : Convivial.fr !!! Il est aussi, me dit-on, des vins conviviaux que l'on peut boire seul. Mazette ! On en bouffe, on en boit ! D'ici à ce que l'on chie d'une convivialité respectable, il n'y a qu'un pas.
C'est à croire que, mais je dois être trop méfiant pour cela, c'est à croire, disais-je, que plus la convivialité est convoquée et affichée, plus la défiance doit être de rigueur. Moi, les types qui prônent le plaisir garanti, me font froid dans le dos. J'ai peur !
Ploum Ploum !
Blogos, ardente blogose, je déclare en ce jour de saine chaleur, et avec au jour d'aujourd'hui, l'éradication radicale de mes chroniques futures du terme convivial ! Amen !
Convivial non ?
Eh merde !

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