mercredi, février 24, 2010

L'almanachronique du 24 février

Hello les blogos ! Je te haie la blogose !

...comme j'aurais pu dire : je t'arbre ou je te feuille. Néologismes abscons mais sans doute est-ce là un hommage occulte et irresponsable à la Dame du Poitou qui a une sérieuse tendance à fermer sa gueule ces jours derniers, et c'est là un merveilleux talent.
Aujourd'hui nous parlerons de la haie.
Haie : du francique hagja.
La haie date de la plus haute antiquité. Comme l'avance Anne-France Dautheville, l'auteure de L'intelligence du jardinier, la haie est sans doute née au Moyen Âge. Car jadis mes petits béotiens, les paysans, ces êtres bourrus aux doigts gourds, étaient certes revêches mais intelligents et ingénieux. Ceux-ci en effet cultivaient leurs champs, puis les laissaient en friche afin que la terre se repose. Les bestiaux venaient paître ces friches, les haies les empêchaient de s'égailler dans la nature, au risque d'aller brouter une pièce de blé.
Ingénieux non ? D'autre part, d'autres haies longeaient les chemins que ces mêmes bestiaux empruntaient pour rejoindre leur étable. Et ainsi, la France s'architectura sur tout son territoire. Chacun son métier, et les vaches seront bien gardées.
Plus tard, entre le XVIe et le XVIIe siècle, les haies apparurent pour clôturer les propriétés bourgeoises, où la lubricité, ainsi masquée, pouvait s'épanouir pour le plus grand plaisir des gentilhommettes qui se faisaient allègrement gnougnouter la corolle aux songes d'une nuit d'été.
Et puis, le temps passant, la haie est tombée en désuétude. Elle n'avait plus de rôle distinctif, mais néanmoins sa présence subsistait dans les provinces où tout s'abolit lentement. C'est à cette époque qu'elle devint un élément purement décoratif, écologique et très pratique. Car on découvrit, Ô siècles des Lumières fertiles, qu'elle protégeait la vie privée des hérissons, des insectes, et qu'elle portait en son sein les nids des oiseaux. Elle brisait également les genoux du vent, cet autan qui dessèche la terre, et multipliait l'action du froid et du chaud.
La haie regagna ses lettres de noblesse qu'elle avait perdues.
On sait aujourd'hui qu'elles sont les plus belles zones de la diversité des espèces végétales. On y trouve l'aubépine, de cheval ou de coq, le laurier-cerise, rose ou tin, le noisetier, le seringat, le hêtre et le houx, le sureau, le charme, et l'irrésistible épine-vinette, dont les baies vertes relèvent les viandes rôties grâce à leur goût acidulé.
Et les locataires sont légion. En dehors du hérisson qui s'épine les dorsaux, il y a là la grive et le merle moqueur mais beau chanteur, le serpent qui sornette, le champignon qui pigne, le crapaud qui crapote, le lézard qui flemmarde et la coccinelle qui bête à bon Diù !
De nos jours, de rubiconds paysans, pour mieux faire reculer une mort prochaine, s'escriment à éradiquer de nombreuses haies pour en vain accroître un revenu, aussi provisoire qu'un champ sans sa haie protectrice, et aussi précaire que leur retraite menue.
Et c'est ainsi qu'Allah est grand, et très certainement protégé derrière une haie pour satisfaire ses petits besoins personnels.
Dieu, lui aussi, chie.

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