mardi, décembre 22, 2009

L'almanachronique du 22 décembre

Hello les blogos ! Mia Miam la blogose !

Père Ubu : - Eh bien capitaine, avez-vous bien dîné ?
Capitaine Bordure : - Fort bien, monsieur, sauf la merdre.
Père Ubu : - Eh ! la merdre n'était pas mauvaise.
Mère Ubu : - Chacun son goût.

C'est bien ça la bouffe, chacun son goût ! Car tout est histoire de goût, des goûts et des goûts lus passionnément. La littérature n'en manque pas.
Petits extraits littéraires sur une physiologie du goût lu...et approuvé :
Débutons par le déjeuner selon Robert Sabatier dans Les noisettes sauvages : " La charcuterie, les tomates en salade, le sarassou qui fait les hommes forts, le chèvreton et la fourme formaient la matière solide du déjeuner de huit heures, en attendant le dîner de midi un quart." On ne saurait être plus prudent ! Et, en matière de bouffe, la prudence est l'assurance d'une bonne digestion. Rien ne vaut l'exactitude dans la gastronomie, terme impérieux pour une simplicité du goût. Le goût que l'on retrouve dans L'auberge béarnaise de Tristan Dereme : " La table de bois blanc et les jambons pendus,/ le vin de peu-de-bouc et la cruche d'eau pure,/et, pour nous consoler de nos printemps perdus,/la cuisse d'oie et la garbure." Quelle belle perspective ! Et quelle simplicité ! Une simplicité qu'honore Sacha Guitry : " On se souvient trente ans après, de deux oeufs sur le plat - un peu trop cuits sans doute - mais la main qui tenait la poêle était si belle." Tout est là ! Ce n'est pas qu'une histoire de goût, c'est aussi également une histoire d'environnement. Mais revenons à la littérature des mets, avec un sacré menu selon Rabelais dans son Pantagruel, peu cruel : " Deux jours après, Panurge le maria avecques une vieille lanternière, et luy mesmes fit les nopces à belles testes le mouton, bonnes hostilles à la moustarde, et beaux tribars aux ailz...et à boire belle piscantine et beau carmé." Car n'oublions jamais que le solide doit se marier pour belles noces avec un liquide de belle facture et belle teinte. Comme le disait Casanova, libertin et farigoulette, dans ses Mémoires : " Le Chypre ( le vin), auquel elles n'étaient point accoutumées, leur monta à la tête, et leur gaieté était délicieuse." Et quoi de mieux qu'une ivresse féminine ? Qu'importe la morale ! René Crevel en disait ceci : " Ivrogne, peu importe la forme du flacon. A la soûlerie, je juge le vin." Seul doit se juger le vin, et non l'ivrognerie, et encore moins l'ivrogne. Souvent d'ailleurs, l'ivresse est source d'humour, entres gens délicats. Prenez Ambrose Pierce dans son Dictionnaire du diable : " Foie : le foie est le plus beau don que le ciel fit à l'oiseau; sans lui, cet oiseau serait incapable de nous fournir le pâté de Strasbourg." Gloire à l'oiseau et la volaille ! Gloire aussi à l'humour noir selon Topor : " Je voudrais disposer pour quelques instants de la plume d'un Brillat Savarin pour vanter les qualités d'un bon bras d'alpiniste cuit dans le plâtre." La cuisine cannibale ! Hmmmmm ! Mais bon, un cochon, j'dis pas non ! Poème de Bertil Jo, pour un bon cochon de lait grillé : " Certains aiment trousser / le petit animal, / ceci pour éviter / un rôti inégal, / alors incessamment / au-dessus de la braise, / d'un pinceau caressant / on pèse et on empèse, / la peau croustillante / d'un badigeon de sel / aux vertus astringentes, / et de bière et de miel. " Comme le disait Brillat Savarin, déjà cité : " On naît cuisinier, on devient rôtisseur." Juste Anthelme !
Et pour conclure cette petite amuserie gustative, une définition de la tarte Tatin par Marc Escayrol, dans Mots et grumots : " Tatin: tarte qui doit être consommée avec un café crème, car la Tatin revient toujours sur le lieux de son crème. " On en redemande.

1 commentaire:

  1. "Mots et grumots" connaissais pas.. alléchant!
    Merci en tous cas pour cette mise en bouche gustative...c'est fou comme les mots possèdent aussi le pouvoir du "salivage"!*_*

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