jeudi, décembre 17, 2009

L'almanachronique du 17 décembre

Hello les blogos ! Zyva la goseblo !

Argh ! Je viens d'entendre un témoignage d'un paysan sur France Inter qui m'a complètement retourné. L'émotion était incisive, le constat terriblement amer. En fait, ce matin, je voulais vous parler des nuits parisiennes qui sont à l'agonie. Évoquer les fermetures qui se succèdent, constater le vide culturel de certains quartiers, et prendre acte de la répression qui ne cesse de restreindre notre faculté à arroser goulûment nos gosiers tendus. Je prétendais également, almanachronique oblige, mettre en parallèle cette dramatique observation citadine avec la réalité des nuits provinciales, et notamment dans le Gers. Peine perdue ! Les mots de ce paysan ont eu raison de mon irritation, bien superficielle somme toute.
En même temps, le débat que je désirais ouvrir me semble rejoindre les aspirations de ce trublion ému et proche d'une mort certaine. Car j'ai pour défaut de toujours rapprocher la condition paysanne à celle de la province. Une province trop souvent évoquée en des termes faussement bucoliques. On ne voit généralement en ces terres rurales, pour la plupart, que la couleur bleutée des vacances estivales, la douceur pastorale d'un apéritif anisé entre amis, et le bien-être d'une gastronomie de terroir. On oublie que des gens y vivent, et plutôt âprement. Pour ne décrire que le Gers, et dans le désordre, les bars ferment les uns après les autres, les flics du détersif harcèlent les miteux qui tentent de résister à cette érosion culturelle, les activités économiques s'évertuent à créer des poubelles écologiques pour donner du travail aux bouseux, les ronds-points débiles pompent la plupart des subventions allouées normalement à la culture, et le paysan, toujours lui, est considéré au mieux comme un sympathique jardinier de la nature, au pire, comme un pollueur-assassin qui fait rien qu'à sucer des subventions européennes pour toujours se plaindre. Qui plus est, dans un charabia incompréhensible avec moult roulements gutturaux qui feraient passer la langue allemande pour un aimable patois fleuri !
Mais attention, point de méprise ! Malgré ce tableau noirci par une louable désolation, la province vit. Et rien de mieux qu'un dru vit pour se réveiller comme le dit ma voisine ! Ploum Ploum ! Oui la province vit, subsiste et résiste. Et plutôt bien pour celui qui se donne du mal. Ah parce qu'il faut s'en donner du mal ! Et du sévère ! C'est qu'ça donne du fil à retordre d'éviter la flicaille quand on est bourré avec des bagnoles pourries, de s'occuper de son jardin potager, de créer des lieux clandestins où il est encore possible de fumer dans la gueule des asthmatiques, de se bouger le cul les soirs d'hiver pour écouter du rock en public, de trouver un job à moins de quarante kilomètres, de rencontrer de nouvelles gueules ! Duraille !
Mais bon ! On va combattre et y croire jusqu'au bout ! Et toi le paysan qui est tout proche du suicide, ignoré comme une bouse esseulée, le soir au lieu de labourer plus pour gagner de toute façon moins, viens donc avec nous rager tes muscles raidis sur du rock-punk mutin, viens écouter tous ces amateurs ingénus qui croient encore au théâtre frivole, viens t'éclater sur de la musique de sauvage ! Comme le dit Hugo, j'en passe et des meilleurs ! Cela ne te donnera pas plus à bouffer, ni de reconnaissance, mais tu verras, ça t'allégera le coeur !
Et le coeur, dans une salade gasconne, c'est vital !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire