mercredi, mars 24, 2010

L'almanachronique du 24 mars

Hello les blogos ! T'as vu ta gueule la blogose ?!?

" Les cheveux de mon usurier étaient plats, soigneusement peignés et d'un gris cendré. Les traits de son visage, impassible autant que celui de Talleyrand, paraissaient avoir été coulés en bronze. Jaunes comme ceux d'une fouine, ses petits yeux n'avaient presque point de cils et craignaient la lumière ; mais l'abat-jour d'une vieille casquette les en garantissait. Son nez pointu était si grêlé dans le bout que vous l'eussiez comparé à une vrille. Il avait les lèvres minces de ces alchimistes et de ces petits vieillards peints par Rembrandt ou par Metzu. Cet homme parlait bas, d'un ton doux, et ne s'emportait jamais. Son âge était un problème : on ne pouvait pas savoir s'il était vieux avant le temps, ou s'il avait ménagé sa jeunesse afin qu'elle lui servît toujours.*"
Franchement Monsieur Balzac, vous y allez fort ! S'attaquer au physique comme ça, c'est proprement scandaleux ! SCAN-DA-LEUX !
On ne peut pas ainsi, sans outrepasser les limites de la bienséance, pourfendre l'apparence rance d'un usurier en prétextant d'une soi-disante liberté créatrice pour arriver à ses fins ! Non Monsieur Balzac ! Vous ne pouvez pas ! On ne peut pas s'attaquer au physique. On ne doit pas !
Franchement Monsieur Balzac, jamais, ô grand jamais, je me suis abaissé, moi, à tirer à boulets rouges sur la physionomie de mes semblables. M'avez-vous entendu, une seule fois, décrire la lente déchéance adipeuse et crasse de mon épicier préféré qui s'adonne sans fausse honte aux jeux de mots foireux et ancestraux ? Hein ? M'avez-vous entendu dire que son visage ressemblait aux figures boursouflées des commerçants obscènes de ce fat Honoré Daumier, heureusement mort aveugle, et toujours moche ? Que nenni mon brave ! Comme je n'ai jamais évoqué la laideur atavique de ma boulangère et ses petits yeux de pétoncle, et dont le Q.I. frise la température anale de ma conseillère de la CAF qui n'est pas sans rappeler certaines de mes déjections nasales ! Jamais ! Jamais je ne dirai, preuve à l'appui au regard de mes précédentes chroniques, que mon boucher est le portrait plus que craché de ma dernière escalope de veau, sauce ravigote, et qui elle au moins ne vote pas FN ! Jamais ! Ni je ne dirai, Dieu m'en garde, que ma voisine ressemble à son pancréas avarié par trop de bêtise, que la secrétaire de mairie n'est qu'un cul flétri et peu visité, que mon percepteur est l'égal de son bubon purulent et que la postière, ingénue analphabète, a le visage d'une rascasse égarée dans une bouillabaisse de chez Leader-Price. JA-MAIS !
Quand on a mon physique, on ne peut pas !
Au moins par respect !

*Honoré de Balzac / Gobseck

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